vendredi 26 juillet 2013

La Conférence ICCF18: vendredi 26 juillet, 5ème jour.

Cette dernière journée a été très courte, puisqu'elle s'est terminée à midi.

Tatsumi Yioki du Laboratoire de Recherche de Toyota a montré les résultats de son étude sur le chargement en hydrogène de différents types de palladium. D'une part une feuille de palladium de 100 um d'épaisseur comme référence, et d'autre part du palladium en nano particules dans différents matériaux: zéolites, matériaux de silice mésoporeux, poudres de type de celle utilisée par Arata. Il montre clairement que la quantité d'hydrogène absorbée augmente quand la taille des grains de palladium diminue.

Henrich Hora de l'Université de New South Wales en Australie ne pouvant pas venir, son travail a été présenté par Charles Weaver. Suivant les résultats expérimentaux de Prelas,  il suppose qu'un écrantage par un facteur 13 peut se produire. Cela est en accord avec la possibilité de faire une condensation de Bose-Einstein dans des amas denses.

Yury Bazhutov du Pushkov Institute of Terrestrial Magnetism , Ionosphere and Radiowave Propagation en Russie, n'a pas pu venir faute d'obtenir son visa à temps. Son travail a été présenté par Vladimir Vysotskii. Ce travail concerne l'électrolyse plasma avec une tension allant jusqu'à 700 Volts et un courant allant de 1 à 5 ampères, en eau légère et avec de la soude comme électrolyte. Ils ont observé un excès de chaleur allant jusqu'à 600%, et la production de neutrons, de rayons gammas et bétas.

La matinée s'est terminée par une table ronde avec des représentants des différents pays.

jeudi 25 juillet 2013

La Conférence ICCF18: jeudi 25 juillet, 4ème jour.

La journée a commencé par l'intervention de Tom Passell de TOP Consulting. Il a fait une analyse d'anciennes données, et a montré qu'un mécanisme trouvé par Oppenheimer et Phillips à la fin des années 1930 pouvait expliquer des transmutations du palladium et du titane. Cette approche suppose qu'un deutéron qui s'approche d'un noyau le fait avec le neutron en tête. Le noyau de deutérium se scinde alors en deux, le neutron est absorbé par le noyau, et le proton est éjecté. Oppenheimer et Phillips avaient fait cette découverte avec des ions énergétiques, mais Tom Passell a supposé que cela pouvait aussi avoir lieu avec la fusion froide. D'une manière étonnante, il arrive ainsi à retrouver les atomes instables observés qui ont étés identifiés par leurs rayonnements gamma. Évidemment, ce modèle n'explique pas comment passer la barrière Coulombienne.

Akito Takahashi a rappelé sa théorie qui suppose une réaction mettant en jeu 4 deutérons et 4 électrons placés sur les extrémités de tétraèdre qui en s'écrasant produisent du bérylium-8 instable et qui se décompose en deux particules alpha.

Andrew Meulenberg a développé son modèle de réaction de fusion D+D--> He-4 découlant de l'hypothèse Shwinger. Il suppose que lorsque des atomes de deutérium sont rangés linéairement dans une craquelure du palladium, sans relation cristalline avec le palladium, il peut y avoir des phonons qui permettent aux noyaux de deutérium de s'approcher et de fusionner;

Yeong Kim de Purdue University a rappelé les résultats obtenus par Defkalion. Tout d'abord le nickel utilisé a une structure cristalline différente de la structure normale, il a la symétrie c4 ou pm3m au lieu de cfc. Ces cristaux mesurent environ 5 microns. Au cours du fonctionnement de l'Hypérion, il se produit un champ magnétique très important de 1,6 Tesla. Il nous a rappelé aussi que seuls les isotopes pair du nickel étaient actifs, et que le Ni-61 ne l'était pas.

Vysotskii a rappelé les mesures de Louis Kervran sur les transmutations biologiques, puis ses propres travaux sur les transmutations avec des bactéries: formation de fer-57 à partir du Mn-55, du fer-54 à partir de Na-23 + P-31. Il a ensuite montré comment avec des bactéries il a pu diminuer la demi-vie du Cs-137 radioactif d'un facteur 30. Vysotskii a mentionné qu'à Tchernobyl, il y a une baisse plus rapide que prévue et inexpliquée du Cs-137, il est possible que les plantes activent sa destruction.

Akira Kitamura de Technova au Japon a montré les résultats obtenus avec leur nouveau calorimètre à flux massique d'huile. Ils ont utilisé des nano particules de Cuivre-Nickel entouré d'oxyde de zirconium ou de silice. Ils ont ainsi obtenu des excès de chaleur jusqu'à 20 Watts avec une puissance d'entrée de 195 Watts.

Alberto Carpinteri du Politecnico di Torino en Italie a montré les résultats qu'ils avaient obtenus en comprimant des blocs de granite, de marbre de Carrare ou d'olivine. Dans certains cas, ils ont des production de neutrons, et des transmutations: production d'aluminium, de silicium et manganèse.

Diego Veneziano du Politecnico di Torino en Italie a montré que le modèle cristallin du noyau atomique permettait de retrouver les éléments produits dans les réaction précédentes.

La médaille Giuliano Preparata a été décernée à Pam Boss-Mosier pour son travail concernant la détection de neutrons et de particules alpha au cours d'expériences d'électrolyse par co-déposition.

mercredi 24 juillet 2013

La Conférence ICCF18: mercredi 24 juillet,3ème jour.

La journée a commencé par une présentation par Jirohita Kasagi du Research Center for Electron Photon Science au Japon. Il a montré que le taux de réaction entre un faisceau d'ions deutérium et des cibles métalliques deutérées était anormalement élevé. Pour expliquer le phénomène, il faut ajouter au modèle un écrantage électronique élevé. Dans le cas des métaux liquides comme l'indium, cela est encore plus flagrant.

Peter Pfeifer de l'Université du Missouri s'est intéressé au stockage d'hydrogène dans des matériaux à base de carbone. Il a montré que l'addition de bore augmentait la quantité d'hydrogène absorbé. Cependant, il n'a pas trouvé d'excès d'énergie.

La table ronde dédiée à l'activité à l'ENEA à Frascatti en Italie a été dirigée par Vittorio Violante. Il a expliqué qu'un projet de collaboration entre l'Italie et les Etats-Unis a été financé par le Ministère des affaires étrangères italien. Les participants sont en Italie, l'ENEA, et aux États-Unis, SRI, NRL et l'Université du Missouri. Cette collaboration a pour objectif officiel d'améliorer les matériaux pour en particulier les piles à combustible. Violante a étudié depuis de nombreuses années la qualité du palladium pour réussir les expériences de fusion froide. Il a montré que certaines impuretés jouaient un rôle important comme le platine. L'orientation cristalline du palladium est également un facteur critique. Il arrive maintenant à transformer une électrode qui ne fonctionne pas en une qui fonctionne et donne un excès de chaleur en lui faisant subir une série de traitements.

Emanuele Castagna de l'ENEA a expliqué le travail en cours pour remplacer le platine par du palladium dans les électrodes des piles à combustibles, le palladium étant moins cher que le platine.

Graham Hubler de l'Université du Missouri a montré que le palladium qui donne des excès de chaleur était à l'époque celui de Engelhard qui contenait des traces de rhodium et de platine. Par la suite à cause d'un changement de méthode de production les impuretés sont maintenant du zirconium, de l’yttrium et de l'hafnium. La différence entre les deux produits provient d'une part de la récupération du rhodium qui coûte très cher, et d'autre part du changement de creusets utilisés par l'industriel.

Mike McKubre de SRI au Etats-Unis a rappelé qu'un paramètre important pour que la réaction ait lieu est qu'il y ait un flux de deutérium à travers la surface de l'électrode. Ils avaient remarqué cela en remarquant des variations périodiques du taux de chargement en deutérium dans les expériences positives. Plus tard, ils ont utilisé les "super waves" pour générer de manière volontaire ces variations de flux. D'après McKubre, pour qu'une expérience fonctionne, il faut un taux de chargement en deutérium élevé, et un flux de deutérium qui entre et qui sort.

Robert Duncan de l'Université du Missouri, et organisateur de la conférence a mis l'accent sur la croyance que la chimie et le nucléaire étaient deux domaines séparés. Il a rappelé que l'effet Mossbauer prouvait bien que dans certains cas, il y avait bien un lien entre les deux domaines. Il a également mentionné qu'on ne pouvait pas utiliser les théories de l'équilibre aux cas où on est loin de l'équilibre.

David Nagel de la George Washington University a fait une étude économique des possibilités d'utiliser la fusion froide pour des applications de transmutations et de destruction des matériaux radioactifs. Il a montré que les coûts seraient extrêmement élevés, et que la meilleure application de la fusion froide est la production d'énergie.

Narman Cook de l'Université Kansai au Japon a développé un modèle du noyau où les protons et les neutrons seraient placés de manière régulière comme dans un cristal. Grâce à ce modèle, il arrive à expliquer la distribution des atomes produits au cours des expériences de fusion froide faites par Mizuno.

Peter Hagelstein du MIT aux Etats-Unis a montré son modèle théorique qui explique l'expérience de Karabut. Ce dernier avait montré la production d'un faisceau collimaté de rayons-X. Le modèle d'Hagelstein montre que des vibrations dans la gamme du térahertz permettent d'exciter des traces de noyaux de mercure-201 qui génèrent une transition à 1565 eV.

Vladimir Vysotskii de l'Université de Kiev en Ukraine a informé sur des résultats similaires qu'il a observé dans des expériences avec des jets d'eau sous très haute pression que l'on utilise pour la découpe des métaux. Le jet d'eau produit des ondes sonores qui réagissent avec les métaux des écrans placés autour du jet. Cette interaction produit à son tour des rayons-X.

Graham Hubler du Sidney Kimmel Institute for Nuclear Renaissance (SKINR) a indiqué que cette entité a été établie en avril 2012 comme une section du Département de Physique et d'Astronomie de l'Univesrité du Missouri. L'institut a été formé à la suite d'un don de Sidney Kimmel de 4,5 millions de dollars sur 5 ans pour trouver l'origine de la chaleur anormale. L'équipe de base étant composée de personnes de la société israélienne Energetics. Une collaboration est en cours avec la société américaine Coolescence. Ils arrivent maintenant à une reproductibilité de 40% et un COP jusqu'à 30.

Roger Stringham de Photosonication Consulting a montré ses derniers résultats avec des expériences avec des ultrasons fonctionnant à 1,6 MHz. Il a développé un modèle permettant d'expliquer les excès de chaleur. La puissance d'ultrasons étant de 15 watts, il a mesuré 58 watts de puissance thermique, soit un COP proche de 4.

Peter Norgard de l'Université du Missouri a montré une anomalie d'interaction d'un faisceau de 8,4 MeV de deutérium avec du palladium. Les réactions se faisaient entre les noyaux de palladium et les ions deutérium. Les mesures de transmutation étaient supérieures aux modèles.

La prochaine conférence ICCF19 aura lieu dans un an et demi en Italie à Venise du 15 au 21 mars 2015. Elle sera organisée par Antonio La Gatta de la société Tsem.


mardi 23 juillet 2013

La Conférence ICCF18: mardi 23 juillet, deuxième jour.

La conférence a commencé par une table ronde sur l'entrepreneuriat et l'innovation. Elle était animée par Matt Trevithick qui dans son introduction  a indiqué que des financements pouvaient maintenant entrer dans le domaine de la fusion froide. Marc Johnson de ARPA-E a expliqué comment faire pour mettre en place un dossier auprès des investisseurs potentiels. Il a cité une phrase d'Ernest Rutherford qui m'a beaucoup plu: "Nous n'avons plus d'argent, il est temps de commencer à réfléchir". Doug Moorehead de Earl Energy a fait part de son expérience dans l'accompagnement des entreprises.

Nous avons pu voir en direct par internet la démonstration du réacteur de Defkalion depuis Milan. C'est Alex Xanthoulis qui a présenté le réacteur.  La démonstration a duré toute la journée, et nous avons eu trois connexions, l'une le matin, l'autre l'après midi et la troisième le soir. Le réacteur comporte une partie centrale contenant 60 grammes de matériau actif dont 5 grammes de nickel. La différence est le support. Le poids total de la cellule est de 8,54 kg. Un circuit d'eau refroidit la cellule. Le débit d'eau était d'environ 0,2 litre/minute. L'eau provient directement du robinet après passage dans des filtres. L'eau ressort sous forme de vapeur à haute température. Le système est calibré avec de l'argon à la place de l'hydrogène. Le réacteur fonctionne avec à la fois trois résistances placées à l'intérieur de la cellule et des bougies permettant de produire un plasma. A la fin de la journée, nous avons appris que le réacteur avait fourni 5,2 kW avec une puissance d'entrée de 2,0 kW. Je me suis posé la question de savoir pourquoi le débit d'eau était si faible, ce qui faisait que l'eau ressortait sous forme de vapeur. En augmentant le débit, l'eau ressortirait sous forme liquide et le calcul de la puissance thermique serait plus simple. Avec la vapeur d'eau on est obligé d'utiliser la chaleur de vaporisation de l'eau, ce qui est risqué, car la vapeur peut être humide. Si c'était le cas, les résultats seraient surestimés. J'espère que Defkalion pourra corriger cela.

Une table ronde sur le tritium a suivi la première partie de la démonstration de Defkalion. Mike McKubre de SRI a animé le débat. Il a commencé par rappeler qu'un personnage très important de la découverte de tritium au cours d'expériences de fusion froide a été John Bockris qui vient malheureusement de décéder il y a quelques semaines. Il a ensuite parlé de l'importance de la découverte du tritium dans les expériences de fusion froide pour montrer l'origine nucléaire du phénomène. Toutes les expériences d'électrolyse qu'il avait pu faire n'avaient jamais produit de tritium, mais quand il a reproduit l'expérience d'Arata, il a pu pour la première fois détecter de l'hélium-3 provenant de la transformation du tritium.

Edmund Storms a critiqué le fait que le journaliste Gary Taubs ait supposé que le tritium mesuré par John Bockris ait pu être injecté sciemment par l'étudiant qui faisait les expériences. Ces propres mesures à l'époque où il était à Los Alamos ont montré la production de tritium.

Mahadeva Sriivasan retraité du Bhabha Atomic Research Center de Mumbai a raconté toute la période au début des années 1990 où il a pu trouver du tritium au cours de ses expériences. Malgré toutes les découvertes qu'il a pu faire à l'époque, son travail a été arrêté comme partout dans le monde.

Tom Claytor, maintenant retraité de Los Alamos a montré à la fois les résultats anciens qu'il avait obtenu, mais aussi les nouveaux résultats qu'il a trouvé. Il a travaillé essentiellement avec des décharges avec des électrodes de palladium  dans une atmosphère de deutérium.

Les trois chercheurs ont rappelé qu'indépendamment les uns des autres, ils avaient remarqué que la quantité de tritium obtenue était beaucoup plus grande de plusieurs ordres de grandeur, que celle des neutrons. Si la réaction avait été de même nature que la fusion chaude, on aurait dû avoir autant de neutrons que de tritium. Cette constatation montre que le mécanisme de la fusion froide est différent de celui de la fusion chaude.

Pendant l'heure du déjeuner, nous avons visité les laboratoires de fusion froide, à la fois la partie électrochimie, mais aussi la partie gaz. Nous avons été très impressionnés par la qualité des équipements, et aussi du travail qui y est fait.

Francesco Celani de l'ENEA à Frascatti en Italie a fait le point sur ses derniers résultats de production d'excès de chaleur avec des fils de constantan traités de manière à faire apparaître des nano structures en surface du fil. Pour lui, le chargement et le déchargement jouent un rôle important, c'est l'équivalent de ce que Fralick a fait à la NASA en vidant le tube de palladium de son deutérium. Pour que la fusion froide fonctionne,  il faut un flux d'hydrogène.

Mitchell Swartz de JET Energy a montré une amélioration importante de son nanor, ce petit système comprenant du palladium enrobé d'oxyde de zirconium. En appliquant un champ magnétique variable, il a pu observer une augmentation gigantesque du rendement. Il a obtenu des COP de 80.

Mathieu Valat a présenté le Martin Fleischmann Memorial Poject. Il a expliqué le fonctionnement du projet avec une équipe américaine et une européenne. Les mesures qu'ils ont faites sont proches de celles de Celani, mais moindres. Un excès de 6 Watts avec une puissance de chauffe de 48 Watts a été mesurée.

George Miley de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign a dans un premier temps comparé la fusion froide aux autres sources d'énergie, et comment elle se plaçait entre les énergies fossiles et renouvelaables et le nucléaire classique. Il a ensuite expliqué les travaux en cours en montrant l'importance des états de surface, et le rôle de la rugosité sur l'excès de chaleur.

David Nagel a présenté son projet de création d'une structure qui puisse faire avancer à la fois la science, mais aussi le business de la fusion froide. Il en est à la phase préparatoire, et attend les suggestions.

Cherian Mathai de l'Université du Missouri a montré qu'à partir de dépôts de palladium et de nickel, suivi d'une attaque chimique du nickel, il pouvait obtenir une surface de palladium extrêmement rugueuse.

Olga Dimitriyeva de Coolescence a montré les calculs qu'elle a fait à partir d'un logiciel de chimie montrant qu'en mettant une lacune dans le réseau de palladium et des atomes étrangers autour, la distance hydrogène-hydrogène devenait plus courte que celle de la molécule libre.

Somik Mulkherjee de l'Université du Missouri a montré ses travaux de fabrication de surfaces composées de nano tubes de carbone recouverts de palladium. Cette structure a permis d'obtenir par électrochimie des rendements supérieurs à 100%.


lundi 22 juillet 2013

La Conférence ICCF18: lundi 22 juillet, premier jour.

La conférence internationale ICCF18 sur la fusion froide a commencé aujourd'hui à Columbia dans le Missouri aux Etats-Unis. Plus de 200 participants sont présents venant d'une vingtaine de pays. Cette réunion est organisée par Robert Duncan, professeur à cette université. Il y a quatre ans, il avait fait une enquête pour l'émission "60 minutes" de a chaîne de télévision CBS. Robert Duncan ne soutenait pas la fusion froide, mais après avoir enquêté sur le sujet et visité plusieurs laboratoires, il a été convaincu par la réalité du phénomène. Depuis, il travaille sur ce thème, et a reçu un financement privé de Sidney Kimel. Cette conférence est totalement soutenue par l'Université Columbia. Les conférences ont lieu dans les locaux de l'Université.

La première journée a commencé par une présentation de James Truchard, un des fondateurs de la société d'instrumentation virtuelle National Instruments. Cette entreprise implantée dans de nombreux pays est leader dans son domaine. James Trichard soutient totalement la fusion froide en fournissant des matériels adaptés à la prise de mesure.

David Kidwell du Navy Research Laboratory à Washington a fait un rappel de l'ensemble de leurs travaux, en montrant comment on pouvait facilement faire des erreurs dans les mesures. D'après ce qu'ils ont réalisé, il apparaît qu'ils n'ont pas vu de rayonnements, ni de neutrons, ni de transmutation. par contre dans certains cas, ils ont observé des excès de chaleur inexpliqués, aussi bien au cours d'expériences en électrochimie qu'en phase gazeuse.

J'ai présenté les premiers résultats que nous avons obtenu avec Mathieu Valat, Pierre Clauzon,  Walter Sigaut et Jean-François Fauvarque d'une nouvelle expérience d'électrolyse avec production de plasma dans une cellule à haute température et haute pression. Nous avons travaillé à une pression de 5 atmosphères, et avons obtenu sur une période d'environ une heure un dégagement anomal de chaleur de 20 Watts avec une puissance appliquée moyenne de 400 Watts.

Edmund Storms, un ancien chercheur de Los Alamos, maintenant à la retraite a développé sa propre théorie de la fusion froide. D'après lui la réaction devrait se produire dans des craquelures du métal: palladium ou nickel. Pour lui, les noyaux d'hydrogène ou de deutérium produiraient des chaînes avec une alternance protons (deutérons) et électrons. Cet objet qu'il a nommé hydrotron vibrerait, et des réactions à trois corps deux protons et un électron ou deux deutérons et un électron, ou s'il y a mélange hydrogène et deutérium, un proton, un deutéron et un électron réagiraient pour former du deutérium, de l'hélium ou du tritium. Selon lui, les réactions de transmutations observées ne seraient que des réactions secondaires n'expliquant pas les excès de chaleur.

Vladimir Vysotskii, de l'Université de Kiev en Ukraine a présenté sa théorie expliquant un abaissement de la barrière Coulombienne lorsque il y a corrélation entre les atomes de deutérium. Son modèle permet d'expliquer un résultat important obtenu il y a quelques années par Dennis Cravens montrant que la production de chaleur augmentait en envoyant deux faisceaux lasers produisant un battement correspondant à une fréquence d'excitation du réseau. La théorie de Vladimir Vysotskii permet de comprendre ce phénomène, mais aussi de prévoir que l'excitation du réseau cristallin joue un rôle important.

Le professeur Xing Zhong Li de l'Université Tsinghua en Chine a montré les résultats expérimentaux importants de production de neutrons et de particules alpha dans un système palladium deutérium en phase gaz.

Mark Prelas de l'Université de Missouri a rappelé des résultats obtenus en 1991, où ils avaient chargé du titane en deutérium, et lorsque ces poudres étaient soumises à un changement brutal de température, il y avait production de neutrons (20 000/s). L'expérience a été reprise en 2012, et les conclusions étaient similaires avec une plus grande quantité de neutrons produits.

Arnold Isenberg de la société Advanced Oxide Ionics a fait des expériences d'électrochime avec comme cathode des feuilles minces de nickel. Il a montré que la surface de la feuille exposée au chargement en hydrogène se rétrécissant contrairement à ce que l'on aurait pu croire.

Keith Fredericks de la société General 3D a montré la possibilité de l'existence de particules de tachions allant plus vite que la lumière. D'après ses calculs et ses observations de traces sur des films photographiques, seraient celles de monopoles magnétiques de masse très élevée. Ces monopoles pourraient intervenir dans les réactions de fusion froide.

Charles Weaver, de l'Université de Missouri a expliqué leur travail sur la fabrication de détecteurs de particules à partir de films de diamant.

Yasuhiro Iwamura du Centre de Recherche Avancée qu Japon a fait le point sur les derniers développements de transmutation obtenus par diffusion de deutérium à travers une feuille de palladium recouverte de cinq couches alternées de CaO et de palladium. Lorsqu'il dépose sur la surface de cet empilement différents éléments comme: Cs, Sr, Ba, Ca et W, ces éléments sont transmutés en Pr, Mo, Sm, Ti et Os. Depuis plusieurs années, il utilisait du deutérium gazeux à une pression proche de la pression atmosphérique, mais pour augmenter la densité de deutérium à la surface, il a mis au point un nouveau système électrochimique qui donne un meilleur rendement de transmutation. Par ailleurs, il a montré que dans certains cas, il y avait production de rayons gammas qu'il n'a pas pu identifier à un élément connu. En utilisant du Cs-137, il a observé une baisse de la radioactivité.

La journée s'est terminée par une présentation des entreprises travaillant dans le développement industriel de la fusion froide:

Robert Godes de Brillouin Energy à Berkeley en Californie développe un système par électrolyse sous pression avec de l'eau ordinaire et du palladium. Ils ont obtenu un excès de 110%, et pour eux le mécanisme est celui de la capture électronique. Leur équipe se compose de 8 personnes à temps plein. Ils ont collecté quatre millions de dollars, et déposé plusieurs brevets. Ils sponsorisent SRI à Palo Alto pour cette initiative. A présent ils ont un COP de 2, mais espèrent obtenir prochainement un COP de 20, c'est-à-dire 20 fois plus de chaleur que de puissance électrique appliquée. Ils souhaitent vendre des licences de leur technologie.

Matt McConnell de la société Coolescence a fait un investissement philanthropique, mais après 8 années de travail, et quatre millions de dollars dépensés, ils n'ont pas eu de résultats positifs. Ils ont fait des expériences de décharges plasma, de chargement gazeux, d'électrolyse sans succès. Ils sont prêts à collaborer avec des institutions ou des industries.

Mitchell Swartz de Jet Energy a montré les résultats très intéressants obtenus avec le "nanor" un petit système contenant du palladium chargé en deutérium recouvert d'oxyde de zirconium. Il obtient un COP supérieur à 10 pendant de longues périodes. Les puissance produites sont de l'ordre du watt. Ils sont maintenant en train de construire des système de plus grande dimension pour obtenir plus d'énergie.

Nicolas Chauvin de LENR Cars de Suisse a présenté son projet d'application de la fusion froide pour l'automobile. Il cherche des collaborations avec les personnes ayant déjà réalisé le réacteur à fusion froide. Sa spécialité est l'application industrielle du procédé.

Max Fomitchev-Zamilov de Quantum Potential Corporation développe un système fondé sur la fusion induite par cavitation. Il injecte dans un réacteur rempli d'eau ordinaire des bulles de deutérium gazeux. En s'écrasant, ces bulles produisent des neutrons et de la chaleur. Ce procédé, n'est pas spécifiquement de la fusion froide, c'est plutôt l'équivalent de la sono fusion. La société a 7 employés dont 5 à plein temps. Il espère prochainement pouvoir commercialiser son système.

Robert Greenyer et Tyler Van Houwelingen du Martin Fleischmann Memorial Projects ont rappelé le fonctionnement ouvert de ce projet permettant à qui le souhaite d'avoir accès en temps réel aux données expérimentales. Pour le moment ils sont concentrés sur la réplication de l'expérience de Celani utilisant un fil de constantan ayant subi un traitement pour former des nano particules à la surface du fil. Ces expériences se font en parallèle en Europe et aux Etats-Unis. L'idée est de produire un système facile à dupliquer et pouvoir être utilisé par de nombreuses personnes.

Pour conclure, j'ai été très heureux de rencontrer Gustav Fralick de la NASA qui en 1989 avait montré la production de chaleur quand il pompait le deutérium qu'il avait introduit dans un purificateur à hydrogène (un tube de palladium). Il a répété cette expérience en 2012 avec le même résultat. Les résultats de cette  expérience m'avaient permis de réaliser en 2007 une expérience similaire avec Nicolas Armanet et obtenir un excès de chaleur en faisant diffuser du deutérium à travers la paroi d'un tube de palladium.

mardi 9 juillet 2013

Quelle stratégie pour la voiture électrique?

La voiture électrique existe depuis un siècle et demi, mais malgré plusieurs tentatives récentes pour la démocratiser, elle peine à s'installer dans le paysage automobile mondial. Deux stratégies sont en cours : d'une part celle prônée par Renault en France et quelques autres constructeurs généralistes ailleurs dans le monde, et d'autre part de petites start-up telles que Tesla Motors aux États-Unis. La voiture électrique crée une rupture technologique que n'ont pas connu les voitures au GPL ou hybrides (rechargeables ou non). Ces deux catégories de véhicules ont  toutes l'option traditionnelle de l'essence ou du diésel. La voiture tout électrique n'entre pas dans cette catégorie, elle souffre de contraintes bien connues en particulier l'autonomie, le temps de recharge et le prix. Les solutions performantes aujourd'hui dans ces domaines sont soit quasiment inexistantes, soit très chères.

L'histoire des ruptures technologiques nous ont montré que les nouveaux produits se lançaient en premier lieu dans les niches de haut de gamme, et non pas dans le bas de gamme. Sans remonter aussi loin que l'installation du téléphone filaire au XXe siècle qui a équipé en premier lieu les gens fortunés, plus récemment,  il en a été de même pour les ordinateurs personnels, les téléphones cellulaires, et encore plus près de nous les smart phones. En premier lieu les personnes fortunées se sont équipées, puis après baisse des coûts par la production en quantités de plus en plus grandes, le marché s'est ouvert à un public de plus en plus large.

La voiture électrique pour le grand public ne peut que très rarement se substituer à un véhicule thermique à cause du manque d'autonomie. Elle ne peut donc être qu'un véhicule supplémentaire, et donc limité à une famille aisée. Il paraît donc évident que le marché grand public de la voiture électrique n'est pas mûr. Par contre la stratégie des constructeurs haut de gamme est beaucoup plus payante. Ils vendent des véhicules de haute performance à des prix élevés, c'est un marché de niche, mais rentable. La société Tesla Motors qui fabrique de tels véhicules fait maintenant des bénéfices!

L'avenir seul dira qui de Renault ou de Tesla Motors a suivi la bonne stratégie, mais les premières constatations vont dans le sens de l'histoire des changements de paradigme technologiques, d'abord le haut de gamme, puis la généralisation au grand public.


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